24/04/2010

Wolfmother x Kevin Van Aelst

Si vous regardez la télé italienne, vous avez sûrement dû voir ce spot publicitaire. Si vous l'avez vu, vous connaissez assurément Wolfmother. Dans le cas (fort décevant) où vous ne suivriez pas quotidiennement Rai Tre, Wolfmother est un groupe de rock qui en gros a fait copuler Pink Floyd et Deep Purple. Une sorte de flamant violet, et Australien. Il faut écouter leur musique, et tout télécharger pour pouvoir en faire profiter tout le monde.




De son côté, Kevin Van Aelst fait des photographies de grande qualité avec le genre d'idées qui te fait dire après les avoir vues : "Putain, comment j'aurais aimé penser à un truc aussi cool".


Antoine.



23/04/2010

Du Darfour à Arras


Jean Marie Ngazuba est congolais et vit en France depuis perpet'. Il a hébergé et aidé des centaines de migrants africains (principalement venus du Darfour) dans leurs démarches de demande d'asile. Il a écrit un livre où il en parle mieux que moi. La photo en couverture est un portrait de lui que j'ai réalisé il y a environ 4 ans.


Arras = pas Paris = Campagne = nature = bestiole.


Aurélien.





19/04/2010

Keith Davis Young


C'est le début des vacances pour certains et la fin pour les autres. Le nuage de cendres du volcan islandais Eyjafjöll pourri les vacances des premiers et rallonge celles des autres. J'ai lu un statut génial sur Facebook : "T'es parti combien de temps à NY ? Bah 6 mois...", dommage qu'il ne me concerne pas.
À défaut d'être bloqué de l'autre côté de l'Atlantique je voyage de blog en blog, d'un pays à un autre, au rythme de ma connexion haut débit. J'ai fait une pause au Texas grâce à Keith Davis Young, et vous devriez faire pareil.


Aurélien.





14/04/2010

Les industries pharmaceutiques et Stéphane Guillon veulent manipuler l'ADN d'Hortefeux pour enfin devenir les maîtres absolus de l'univers.

Vous aussi vous pensez que Elvis n’est pas mort mais qu’il a été envoyé sur la lune par la CIA, que Obama est un cyborg dirigé depuis la zone 51 par Mickael Jackson, qui en fait est noir… Vous avez adoré le film qui démontrait que le 11 septembre n’avait pas eu lieu, et vous vous demandez encore si la NASA est allée sur la lune. Vous êtes sans cesse à la recherche de la faille qui prouve que les Illuminati contrôlent le monde, mais vous êtes un gros faignant sans imagination, et pourtant vous voudriez crier au complot pour faire parler de vous et vous faire un max de thune ? Pour vous le site Street-Press vient de lancer son générateur de complots 2.0, qui vous permettra en un seul clic de créer de toute pièce un nouveau complot mondial. Il ne vous reste plus qu’à le lâcher sur la toile assorti d'une vidéo Youtube bidonnée et vous voilà célèbre !

Juste pour rire quelques exemples de complots :

« Le FBI et Ronald McDonald veulent ressusciter Carlos (le terroriste pas le chanteur) pour faire une blague à un pote. »

« Les Illuminatis et le Mossad veulent diffuser en boucle le dernier album de Carla Bruni pour enfin contrôler le marché mondial du gruyère. »

Et rien que pour centtrentecinq, j’ai levé un complot d’une ampleur sans précédent (sans l’aide du générateur):

« Jesus-Christ ne serait pas le fils de Dieu, mais seulement une invention d’une bande de tarés avide de pouvoir et de petit garçons.

Je crois que celui la, il va faire du bruit.

Adrien

13/04/2010

Ed Templeton


Ed Templeton est vegan. Il ne mange pas d'animaux morts, ne porte pas de cuir ou de laine, et ne consomme aucun produit d'origine animale en dehors des pellicules.
Ed Templeton gribouille des personnages pour les graphismes de sa marque de planche à roulettes, Toy Machine.
Ed Templeton photographie des adolescents qui fument pour en faire un livre : Teenage Smokers.
Ed Templeton photographie une société américaine avec des fillettes qui ont des pistolets, des ados qui découvrent le sexe, et sa vie sexuelle d'homme marié.


Les photos de Ed Templeton.
Les photos de Deanna Templeton, la femme de Ed.


Aurélien.





12/04/2010

Annals of Americus


Le lien du jour : une interview de Boogie, le photographe serbe de NY.



Aurélien.


10/04/2010

Lynsey Addario


Il y a deux semaines j’achète Polka, je lis l’éditorial de Alain Genestar « Nous sommes tous des imprudents coupables ». C’est un vibrant hommage à tous les journalistes et photographes qui ont choisi pour profession l’information de guerre.
Dans cette édito, il cite les paroles du secrétaire général de l’Elysée interrogé sur le sort de deux journalistes de France 3 détenus en Afghanistan : « Ils sont inconscients. Ils ont agi en contradiction avec les consignes de sécurité. Leur imprudence est vraiment coupable. ». Face à cela, Alain Genestar répond avec des images de photojournalistes connus et reconnus ( Koudelka, Van Der Stockt, Pedrazzini, Capa…).

C’est là que me revient une expo aux Invalides qui date du début d’année, sur l’Afghanistan. Dans cette expo il y avait des photographes de l’ECPAD (Etablissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense), mais aussi des photoreporters, notamment représentés par l’agence VII. J’y ai retrouvé une photographe dont j'aime beaucoup le travail : Lynsey Addario.
Américaine et autodidacte, elle a suivi plusieurs conflits, notamment en Irak et en Afghanistan. En dehors des photos de guerre, elle a aussi photographié des ados emprisonnés en Sierra Leone, des héroïnomanes en cure de desintox en Afghanistan, ou plus proche de la Maison Blanche, des putes transsexuelles dans les rues de New York.



Loïc.





09/04/2010

The 135 guide of Ireland



Après deux semaines de voyage "scolaire", voici le 135 guide of Ireland.

Même si ils les détestent profondément, les Irlandais ressemblent un peu aux anglais, ils mangent à 18h30 et mettent des uniformes jusqu'à 18ans.
Ils aiment les français, à part si vous leurs parlez de Thierry Henry, mais comme ça ne risque pas d'arriver, on s'en fout.
Pour les garçons là bas la vie est simple. Ils dépensent leur argent dans les Honda Civic type R tunnées, les pantalons de survêtement et la bière.
Les filles, elles aussi, aiment la bière. Elle affectionnent également l'auto-bronzant, les robes super courtes, dire "like" 20 fois par phrase et les talons avec lesquels elles ne savent pas marcher.
Leur mode de vie est simple quand ils ne vont pas à la fac: pub, puis club jusqu'à 2h tous les jours. Croyez moi on s'y fait facilement.
Au pub, on peux ramener sa bouteille de vodka et juste commander un jus d'orange. Au début ça parait bizarre, mais au bout d'une semaine à boire de la Guinness on se dit que c'est pas plus mal.
En parlant de bière : dans les supermarchés, ils ont quand même des systèmes de ventilation qui soufflent sur les canettes de 50cl pour les refroidir. Impressionnant. Pratique.
Revenons à la vie nocturne avec les clubs. Ca coûte entre 5 et 10 euros et pour ne pas rentrer il faut vraiment le vouloir. Un soir, un videur m'a demandé si je n'avais pas trop bu, je lui ai dit non donc il m'a laissé entrer.
A l'intérieur on peux donc voir des mini jupes, des gens s'échanger de la salive et des filles saoules laissant apparaitre leurs fesses en tombant de leurs talons de 10cm. L'ambiance est quand même beaucoup plus conviviale qu'en France. En ce qui concerne les rituels de séduction, c'est un peu traumatisant. Quand une fille vient danser devant vous, vous avez deux minutes pour la peloter ou l'embrasser, sinon elle se barre.
Exceptionnellement, si on est invité, on peux aussi aller aux House party de la Fac. Nous on s'est fait inviter, donc je peux vous raconter. En gros, on prend une maison, des gens, de la bière, de la musique et on fait la fête jusqu'à ce que la couleur de la moquette passe au noir, que ça soit le bordel partout, et que les gens dansant sur des chaises s'auto-assomment contre des murs.

Pour finir, en gros, l'Irlande, c'est cool.


Gildas.


07/04/2010

La fabrique de la haine, ou 24 heures à l'hotel sans étoile





Il doit être 7 heures du matin, la lumière s’allume me tirant du presque sommeil dans lequel j’étais plongé depuis une vingtaine minutes. Des pas dans le couloir, des cris dans la cellule d’à coté : « Chef ! Sortez-moi de là j’ai rien à faire ici ! Sortez-moi de là ! » S’en suit une longue tirade hurlée dans une langue que je ne connais pas et la réponse du « chef » : « Ferme te gueule ! Ici on est France, on parle français ! » Mon cerveau reconnecte lentement avec la réalité alors que des cris se mettent à fuser de toute part. On est en France c’est sûr, la France le pays des droits de l’homme et des libertés, mais en garde à vue, au royaume des sans droits et de la privation de liberté. Cette histoire a commencé environ 12 heures plus tôt quand deux CRS m’ont extrait du panier à salade pour me conduire sans ménagement devant un officier de police judiciaire (OPJ) qui me signifie mon placement en garde à vue pour « attroupement sur la voie publique en vue de commettre des dégradations… ». « Voulez vous voir un médecin ? », « demandez vous la présence d’un avocat pendant la garde à vue? », « désirez vous que nous fassions prévenir quelqu’un ? ». Ce que je ne savais pas encore à ce moment, c’est que j’étais entré dans un autre monde pour les prochaines 24 heures.



En fait cette histoire ne commence pas là non plus, mais vers 15 heures place Denfert-Rochereau où une petite centaine de personnes se trouvaient réunies autour d’un camion sono, au départ d’une manifestation pour protester contre le système carcéral. La manifestation a descendue le boulevard St Jacques pour tout d’abord s’arrêter à proximité de la prison de la Santé, pousser la sono et se faire entendre des détenus. Puis repartir en direction de la place d’Italie, et s’arrêter de nouveau à proximité de la station Glacière. L’ambiance et la musique sont bonnes, malgré le cordon de CRS qui encercle progressivement la manifestation. Les organisateurs nous assurent au micro que tant qu’il n’y aura pas de provocations les forces de l’ordre n’interviendront pas, pourtant il est déjà impossible de franchir le cordon de CRS dans un sens comme dans l’autre. Quelques minutes plus tard, tout se précipite, la police ordonne de couper la sono et l’étau se resserre de plus en plus. Un officier de police parle à une organisatrice « Vous avez lu le dos de la feuille de déclaration de manifestation ? Il y est écrit ce que vous avez le droit de faire et de ne pas faire, et il y’a eu des tirs de fumigènes ». La préfecture, qui avait pourtant autorisé la manifestation, vient de la déclarer illégale et les arrestations commencent. La police qui nous indique vouloir procéder à une simple fouille et à des contrôles d’identités nous embarque un par un dans les nombreux véhicules stationnés à proximité. La quasi totalité des manifestants - 110 personnes - seront interpellés ce jour là.



Arrivé au commissariat de la Goutte d’or (Paris 18ème) c’est le dépôt en garde à vue, puis la fouille « est-ce qu’il va falloir que j’aille chercher ta boulette entre tes couilles comme pour ton pote ? », je me retrouve accroupi, le caleçon sur les genoux, « toussez ! ». Finalement on me rend mes fringues après les avoir dépouillés de toutes ficelles, cordons et lacets. Les lanières de mon futal sont découpées aux ciseaux, « bon ça ira, c’est pas avec celles là qu’il va essayer de se pendre ». Retour en cellule, toujours sous l’œil des CRS, puis les auditions commencent. L’OPJ qui m’interroge ne sait pas vraiment, pourquoi je suis là, Il appartient au commissariat du 18ème et n’était pas présent à la manifestation. Je suis obligé de lui expliquer que je me suis fait ramasser avec toute la manifestation apparemment à cause d’un tir de fumigène, je lui raconte l’histoire en lui précisant, un brin énervé, que je n’ai rien à voir avec tout ça, et que je voulais juste écouter de la musique. Il demande à ses collègues plus au courant sur quoi il doit m’interroger. « Possédez-vous une écharpe ? », « Quoi ?? Oui, je l’avais autour du cou», il note. On nage en plein délire, tout ce bordel pour me demander si je possède une écharpe et quelques autres questions du même niveau ! À la fin de l’audition il m’indique que tout cela ne devrait plus durer très longtemps et me ramène en cellule. Au sous-sol, ça gueule dur contre les flics, un mec est en train d’incendier les gardiens « toi me touche pas espèce de sale fasciste ! ». Dans la cellule d’à coté les mecs hurlent autant pour passer le temps que pour faire chier les gardiens. Je suis content que nous soyons au calme dans la mienne, un vieil anarchiste m’abreuve de paroles sur ses expérience de GAV, j’opine du chef, mais je n’engage pas vraiment la discussion avec lui, je n’ai pas trop l’esprit à la discut’, je veux juste que cela passe au plus vite, sortir de cette cellule. Un autre mec essaie de raisonner, autant pour se rassurer que pour trouver une logique à ce qui nous arrive. « Ils ne devraient pas tarder à nous libérer, vu ce que l’agent m’a dit tout à l’heure…». Un ancien taulard qui est avec nous lui répond qu’il vaut mieux toujours se préparer au pire comme ça on n’est pas déçu quand ça tourne mal. Le pire est en train d’arriver, mais je ne m’en doute pas.



Vers 23 heures les libérations commencent, nous reprenons espoir, et commençons à tourner en rond dans la cellule. Au rythme d’une libération toute les 15 – 20 minutes l’attente est longue, mais pour nous la sortie est inéluctable, seule inconnue, allons nous avoir le dernier métro ? Vers 0h45 un OPJ nous rassemble tous dans le couloir, nous ne sommes plus que cinq et c’est presque avec le sourire que nous l’accueillons, dans nos têtes nous sommes enfin libres. « Bon, vous vous passez la nuit ici. On va vous changer de cellules. » « Quoi ? Attendez, ce n’est pas possible, pourquoi nous, les autres viennent d’être libérés? Qu’est ce qui ce passe ? J’y crois pas ! Quand est ce que l’on va sortir ? » Seule réponse : « vous passez la nuit ici, c’est tout ce que je sais, suivez moi on va à l’étage ». Comme je l’ai dit, nous sommes cinq, un copain, une copine, un voisin qui avait entendu de la musique et était descendu suivre la sono et un mec qu’il ne me semble même pas avoir vu dans la manif. Et pour cause, il passait par là quand il s’est arrêté pour voir ce qu’il ce passait, il n’a pas dû rester plus de 15 minutes dans la manif avant de se faire embarquer. Mauvais endroit, mauvais moment. On nous dirige vers notre cellule « on va vraiment passer la nuit là dedans ? », celle-ci est encore plus petite que la précédente, il s’en dégage une odeur à vous soulever le cœur et on peut voir dans un coin les restes du repas des précédent détenus. Nous sommes quatre il n’y a qu’un matelas. On nous donne une couverture qui n’a pas dû être lavée depuis longtemps et on nous laisse aller boire un peu d’eau au robinet. Je n’avais pas bu depuis mon arrestation. On nous donne également à manger, du riz à la provençale micro-ondé, le truc est infecte, immangeable car pas assez cuit, mais ce n’est pas ça qui me coupe l’appétit. Dans le couloir ma pote éclate en sanglot devant les gardiens qui veulent la mettre dans une cellule de 2m², « non je veux pas allez là dedans ! C’est trop petit et ça pue ! Laissez-moi au moins rester avec mes amis. », « Allons mademoiselle, rentrez dans la cellule, qu’on ait pas à vous y mettre de force ! ». La lumière s’éteint, ma pote pleure toujours dans sa geôle, je m’allonge tant bien que mal et essaie de dormir. Une rage sourde s’empare de moi, j’avais jusque là éprouvé un sentiment de colère contre le système policier et la logique absurde qui nous avez conduit à cette situation, mais à ce stade de l’histoire, c’est de la haine que je ressens, une haine des plus viscérale. Je ne sais pas quelle en est l’élément déclencheur. Est ce l’enfermement ? L’attitude des gardiens, ces pantins serviles qui ne font que leur travail, vis-à-vis d’une gamine de dix-huit ans terrorisé par ce qui l’entoure ? Ou l’injustice de cette situation ? Je ne saurais le dire, mais cette haine ne me lâchera plus.



Dormir en garde à vue n’est pas une chose aisée, les odeurs, l’inconfort et la promiscuité y sont pour beaucoup. Il faut aussi compter sur les cris des autres détenus et la lumière qui se rallume à chaque fois qu’il y’a un nouvel arrivant ou comme ça, sans raison. Peut-être les gardiens voulant s’assurer que nous n'avions pas tenté de nous suicider en avalant les couverts en plastiques du plateau repas… Mais aussi avec les discussions de ces même gardiens, qui pour tromper l’ennui se racontent des blagues, regardent des films, mangent, boivent (pas de l’alcool quand même !) enfin font des choses que les gens libres font en général, et ça, ça fout les nerfs quand on dort sur le carrelage. De toute façon j’ai tellement la haine que je n’arrive pas à trouver le sommeil, des envies de meurtres tourne sans fin dans ma tête, je finis quand même par sombrer dans un état semi-léthargique au petit matin. Enfin je pense, car en cellule la perception du temps est complètement différente. Quand on est enfermé sans montre avec pour seule vision de l’extérieur celle du mur en face de la cellule et pour seules indications de l’heure celles données par les gardiens on a vite tendance à perdre la notion du temps qui passe. Impossible sans demander l’heure de savoir si il fait jour, si l’on est le matin ou le midi. On a vite fait de demander l’heure au gardien toutes les dix minutes en pensant à chaque fois qu’une heure s’est écoulé. On nous fait sortir de la cellule pour qu’une femme de ménage la nettoie, nous nous retrouvons tous les quatre dans le couloir, par une petite fenêtre on peut même voir l’extérieur : il fait jour et le monde à continué de tourner sans nous. La gardienne de l’équipe du matin, plus compréhensive permet à notre amie qui n’a toujours pas cessée de pleurer de nous rejoindre dans le couloir, elle nous indique également que nous serions très probablement libérés dans la matinée. Peu après notre retour en cellule, un OPJ viens nous chercher un par un, quand je pars avec lui je sens la fin de tout ce cirque arriver, mais loin d’être libéré je me retrouve à décliner une fois de plus mon état civil, il me prend en photo sous tout les angles, prend mes empreintes ainsi que mon ADN. Je retourne en cellule totalement abasourdi, non seulement nous ne sommes pas libres, mais en plus fichés. Jusque là je m’étais dis que si nous étions restés la nuit c’est que l’agent chargé du dossier avait terminé son service, les libérations devant reprendre au matin quand il le reprendrait. Or si l’on se donne la peine de nous ficher, c’est bien que nous sommes ici pour une raison, absurde certes, mais que l’on ne nous a pas gardés par hasard. L’idée d’être fiché et tout ce qu’elle suggère me terrorise complètement, pour la première fois depuis que je suis arrivé c’est de la peur que je ressens, j’ai bien cru à ce moment que j’allais craquer et m’effondrer. Mais la haine est toujours là, elle vient à mon secours, ma peur se mue en rage contre le système et ses représentants, je ne craquerai pas devant eux, plutôt crever. J’ai du mal à croire encore aujourd’hui qu’en si peu de temps j’ai réussi à apprivoiser un sentiment aussi abjecte, à en faire mon allié, mon compagnon.



Plus tard dans la matinée un autre OPJ vient nous chercher, celui-ci s’occupe de notre dossier, et pendant l’audition j’ai enfin l’explication de notre maintien en détention. Comme on me l’avait expliqué lors de mon dépôt en garde à vue, c’est au titre de la loi du 2 mars 2010, ou loi sur les « bandes » que nous sommes là.


L'article 222-14-2 du code pénal stipule:

« Le fait pour une personne de participer sciemment à un groupement, même formé de façon temporaire, en vue de la préparation, caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, de violences volontaires contre les personnes ou de destructions ou dégradations de biens est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende. »


Elle permet d’interpeler des personnes sans qu’aucun délit n’ai été commis, mais sur la simple présomption qu’elles allaient en commettre. En somme la police peut arrêter qui elle veut pour un délit imaginaire. Et si nous sommes encore là, alors que les autres ont déjà été libérés, c’est tout simplement pour une question de procédure, les autres ayant été interrogés après le délai légal d’une heure depuis leur dépôt en GAV, leur détention devenait illégale. L’agent qui m’interroge une nouvelle fois sur des questions aussi profondes que « aviez-vous une écharpe ? », « avez-vous entendus les organisateurs de la manifestation déclarer publiquement : il faut brûler les prisons ? » ou encore « avez-vous vu les organisateurs sortir du camion un mortier pour tirer des fumigènes ? » semble bien emmerdé par la moisson de gardés à vue dont il écope. Il sait bien que nous sommes innocents, et que ceux qu’il interroge ne se seraient pas livrés à des dégradations, fussent-elles imaginaires. Il nous assure qu’il fera en sorte que le parquet donne l’ordre de nous libérer au plus vite, mais avant il doit encore entendre les six personnes toujours détenues dans le commissariat du 11ème, selon lui l’affaire de deux petites heures. Il est 12h30 et nous commençons à compter les minutes.

Deux heures plus tard, toujours rien. Dans le courant de l’après-midi, notre amie qui est toujours seule dans ses 2 m² commence à faire une crise d’angoisse. Même nous à l’autre bout du couloir nous l’entendons s’étouffer, pourtant les gardiens sensés la surveiller vont mettre plus d’un quart d’heure avant de réagir : « mais mademoiselle, pourquoi vous pleurez ? » et finalement lui faire une fleur en la sortant de sa cellule. Nous les entendons lui expliquer que ce qu’ils font là c’est de la pure gentillesse « vous êtes sensée ne pas quitter votre cellule pendant toute la durée de la garde à vue, et si un officier vous trouve en dehors, nous allons nous faire taper sur les doigts ». Pour éviter de se faire encore plus « taper sur les doigts » ils prennent quand même soin de la menotter à un banc, sait on jamais… Quelques temps après, un grand bruit suivi de cris. Un détenu dans le couloir vient de se fracasser la tête sur une vitre, il a le visage en sang. « Putain ! Il a cassé la vitre, il va falloir la changer. ». Ma pote toujours dans le couloir n’est pas au bout de ses peines, il va lui falloir témoigner de ce qu’elle a vu, le mec s’étant effondré à un mètre d’elle avant que les deux gardiens ne se jettent sur lui. Les pompiers arrivent, pendant ce temps les autres détenus s’enflamment, ça se met à beugler dans tous les sens. Nous en sommes là quand l’officier qui s’occupe de notre affaire vient nous chercher, nous sommes libres, il nous rend nos affaires, nous assure que les empreintes et l’ADN ne seront pas conservés et nous raccompagne à la sortie. Un dernier échange : « j’espère qu’on ne se recroisera plus », « j’espère aussi, mais avec des lois aussi absurdes j’ai bien peur que cela ce reproduise ». Il est 16h45 quand la garde à vue touche à sa fin, nous venons de passer 23h30 en cellule. Dans la rue nous sommes complètement déphasés, je ne raconte même pas l’odeur que nous dégageons. À Bastille, où nous retrouvons une amie, je constate l’immense rage qui s’est accumulée en moi durant les dernières 24 heures. Je regarde les passants les yeux complètements hallucinés. J’ai envie de hurler, de frapper, d’exploser en pleine rue, je les déteste tous, eux ces inconnus qui ne m’ont pourtant rien fait.

L’expérience de l’enferment est une chose terrible, chacun y réagi à sa manière, mais je dois le confesser, ce qui m’a permis de tenir ces 24 heures n’était pas l’assurance d’être innocent, ou le fait de savoir que je n’étais que l’un des nombreux français à passer en GAV (900 000 en 2009), le fait de ne pas être seul, ou de savoir que dehors des gens s’inquiétaient de mon sort. Non rien de tout cela, la seule chose qui m’a permis de tenir le coup c’est la Haine. Et c’est une chose terrible que la haine, elle vous prend aux tripes, abolie la raison, est la source de toutes les horreurs, et pour qui ne sait pas s’en détacher, elle peut vous mener à toutes les extrémités. Ne voyez pas dans le récit de cette expérience un appel à la vengeance, ou à la violence, il s’agit juste de l’histoire d’un mec normal dans une situation qui ne devrait jamais le devenir.



Adrien

(Photos: Copyright Chloé Leruste)



06/04/2010

Craig Wetherby


Ruff Ryders, Ol Dirty Bastard, Method Man, Red Man, Slayer, Rancid, Aesop Rock, Eminem, Fat Joe, Ghostface Killa, Santigold, Cappadonna, Kool Keith, Chad Muska, Phil Frost, Raekwon, Talib Kweli, Stay High 149, … Ils sont tous passés devant l'objectif de Craig Wetherby.




Craig Wetherby est photographe, New Yorkais, pas très vieux, et directeur photo de Frank 151.



Aurélien.





01/04/2010

Life magazine

On se souvient tous de la couverture du numéro de Life du 23 novembre 1936. C'est normal, c'est le premier numéro d'un des premiers hebdomadaires reposant essentiellement sur le photojournalisme, et cette couverture c'est Margaret Bourke White qui l'a faite. Margaret, c'est Henry Luce qui l'a recrutée, peut être pour sa propension assez prononcée à être la première. La première photojournaliste travaillant pour Life, la première photographe représentante de l'impérialisme américain autorisée à entrer sur le territoire de la toute puissance bolchévique, la première correspondante de guerre pendant la seconde guerre mondiale, la première (et seule) photoreporter présente dans Moscou lors de son invasion par les allemands... Elle a travaillé chez Life auxcôtés de tout le petit personnel habituel : Robert Capa et Alfred Eisenstaedt pour ne citer qu'eux.



Grâce à Google tous les numéros du magazine sont consultables, comme toutes les images de chacun des photographes ayant travaillés pour le magazine. Grâce à internet, Life est maintenant un site d'information photographique. Le site reprend les travaux des grandes agences filaires (AFP, AP, Reuters et compagnie) et envoie des photographes en reportage aux quatre coins du monde (dontAnthony s Karen évoqué récemment).


La présentation est agréable, la navigation intelligente, le fond noir repose les yeux, les reportages sont vraiment sympas (par exemple ça, ça, ça, ou ça), et le logo change de couleur. Life.com, c'est bon. Mangez en.


Antoine.