09/02/2010

Enfoirés de clochards





Hier, j'étais au Printemps. Le Printemps, c'est bien, parce qu'on est certain de pas y croiser de pauvres (qui, on ne le répétera jamais assez, sont sales, sont moches, n'ont pas d'argent, savent pas s'habiller et n'ont aucun goût). [Remarquez, les riches, c'est dégoulinant, c'est surfait, ça a plus d'argent que moi (ce qui n'est pas chose si malaisée), et ne savent pas s'habiller parce qu'ils n'ont aucun style personnel.] Le Printemps, c'est moins bien, parce que je suis un peu con et qu'avec tous ces escaliers je me perds toujours. Et pas moyen de croiser un seul client français, que des étrangers (un étranger, c'est comme un Français, sauf qu'il vient d'ailleurs dépenser ses sous chez nous [donc finalement, quoi qu'on en dise, c'est pas si mal que ça un étranger]).
Au Printemps, donc, t'as pas beaucoup de chance de croiser un clochard. Fort heureusement ces derniers s'épargnent les affres du mauvais goût, du sac à main en peau de strings léopard jusqu'aux bottines en véritable cuir de sac poubelle. Et, putain, il est haut ce huitième étage. Mais paraît que la vue le mérite. Et puis, le Printemps, quand tu as des instincts de pédophiles (ce qui n'est pas mon cas), c'est un peu comme le marché de Rungis : 200 fois le même article, 200 fois la même coupe de cheveux, le même slim, le même sac à main (ah mais non ! Certaines la jouent rebelles et ont des sac en sky et pas en peau de chèvre [autant pour moi]), le même rire Ladurée, les mêmes petites fesses en forme de pomme-ananas à la peau laiteuse (j'aime les milk-shake et je vous emmerde), et, et... Mais j'arrête là.


Hier, j'ai voulu aller de l'Opéra faire des photos à Châtelet. Comme tout bon fainéant, j'ai voulu prendre le RER. C'est cool, le RER. Ça marche dans le mauvais sens, à l'anglaise quoi. Et puis j'ai croisé une fille en rouge, parce que je fais une fixette sur les filles en rouge (certains font des fixettes sur les "fixedgears", mais ma fixette à moi est comestible), alors je l'ai suivie jusque dans la rame de RER. Et j'ai atterri à la Défense (c'est con de dire "atterrir", comme si un RER pouvait voler...). Putain en fait c'est super grand, super haut, super froid la Défense ! Et un système de fléchage digne d'une épreuve de Fort Boyard (j'ai mis 2 heures à trouver le Virgin [j'aime les vierges, ça croque sous l'obturateur]), avec des vrais morceaux de FAMAS et de Printemps à l'intérieur. Bref, la Défense, c'est le paradis : pas un seul clochard, pas un seul pauvre, pas un seul syndicaliste pour vous emmerder avec ses flyers. [Je viens du sud et je suis un homme de gauche.]
Mais putain, ce que c'est grand.



Et puis, hier, j'ai raté mon dernier métro parce que j'ai voulu être cool avec un clochard (en plus il bavait pas et il avait les mains propres, en plus d'avoir de la conversation et des cheveux sales). Ça m'apprendra, tiens, à vouloir être cool. Parce que du coup, j'ai dû rentrer à pied chez moi. Mais en fait pas du tout, puisque je suis allé me bourrer la gueule au bar du coin et j'ai été ramené par des gars du Samu Social (qui se bourraient eux-aussi la gueule). C'est cool, le Samu Social.


Mais que tout ça ne vous décourage pas d'aller voir l'expo d'Olivier Jobard (de SIPA), Sans-papiers, Exil = Exit ?, à la Bastille jusqu'au 21 février, en collaboration avec Médecin du Monde (le truc de l'époque où Kouchner couchait dans le bon camp [s'il vous plaît, pas de jeu de mot vaseux avec les camps).
Pour une fois qu'on ne nous sert pas de l'expat misérabiliste à souhait, pour une fois qu'il y a des vrais morceaux d'humanité dedans. Plus une note spéciale pour la scénographie, dont la géniale "Boîte Noire" (vous découvrirez sur place).


Ah, tiens. Si vous êtes aussi perdus que moi, vous vous retrouverez peut-être à dire à un grand black de dos "pousse-toi mon grand, tu m'empêches de passer", lequel grand black s'appelle Yaninck. Noah. [Woah \o/ ]




[Et, oui. La fornication fait partie de mes droits constitutionnels.]





Aniki
[Fallait que je prenne un pseudo en A, pour pas faire tâche. Et, oui, "Tragloumêne", c'est un prénom très difficile à porter. Remarquez, j'aurais pu m'appeler Bruno.]